Simple visite de routine ?

Apollonia patientait dans la salle d'attente, pianotant de ses longs doigts fins sur son sac de cuir noir. 5 minutes de retard. Du mois, cinq minutes que son père aurait du sortir du cabinet afin de dire que la visite de routine ne révélait rien de grave sur sa santé. Ils étaient venus en ville ensemble un autre rendez-vous les attendais après celui-ci.

A côté d'elle, une vieille femme patientait sans broncher. Cela dit après avoir jeté un rapide coup d'œil à l'horloge, elle se pencha vers la brune avant de lancer quelques mots. "Vous avez rendez-vous à quelle heure ?". Typique des salles d'attente, Apollonia soupira, amusée avant de répondre qu'elle attendais juste que son père sorte de sa séance. Ensuite, ils pourraient tout deux aller au nord de Calgary pour voir cet étalon pur sang qu'ils envisageaient d'acheter pour apporter un peu de sang neuf et plus de prestige à leur ranch.

Enfin, la porte du cabinet s'ouvrit sur la médecin rousse bien connue de la famille Blackwood. La famille de Moïra avait en effet toujours été liée à celle d'Apollonia et d'ailleurs, la brune avait souvent fait du babysitting chez elle quand ses filles étaient plus jeunes. Cela lui avait permis d'avoir plus d'argent pour ses dépenses un peu couteuses dans les vêtements et accessoires divers.

"Madame Harrington. Alors, comment va mon père ?" malgré les années, Apollonia ne pouvait s'empêcher d'appeler Moïra par son nom, ayant trop de respect et d'admiration pour la rousse pour l'appeler plus familièrement. Derrière la rousse se tenait son père, d'un air un peu bougons semblant toujours aussi peu poli et cordial, lui aussi pressé d'en terminer avec cette histoire afin de se diriger vers leur rendre-vous suivant.

"Ma belle mère s'inquiètes un peu pour lui ses derniers temps, notamment à cause de son âge. J'espère que cette visite pourra la rassurer un peu sur la santé de mon père." Ajouta t-elle tout sourire en regardant ce dernier, comme pour l'encourager à se montrer plus chaleureux lui aussi. Quand bien même ce stratagème sembla peu efficace. Derrière elle, elle pu entendre un "hm hm". La patiente de tout à l'heure semblait leur demander de ne pas s'attarder, elle aussi avait des choses à faire en suivant. Pourtant cette marque d'irrespect agaça Apollonia qui tourna vers elle un regard noir avant de reporter son attention sur la femme médecin, attendant la réponse de cette dernière avec une certaine impatiente mêlée d'appréhension.

Le sourire de Moïra, chaleureux, doux était assez communicatif dans son genre. Apollonia se sentait en confiance avec elle et lui rendait facilement ce sourire, un sourire sincère. Un sourire qui était loin d'être assez communicatif pour en arracher un à son père. Cette pensée l'amusa, à voir comment l'homme semblait déjà prêt à partir inspecter le nouvel étalon.

"Tant mieux alors, voilà une nouvelle qui va sans aucun doute rassurer toute notre famille." Lâcha t-elle ravie, son soulagement était visible, tout autant que la retenue et la maîtrise qu'elle souhaitais allouer à ses émotions. On lui avait appris à être ainsi après tout, c'est son père qui l'avait élevée, comme une Blackwood, comme une gagnante. Si elle lui ressemblait en certains points avec l'éducation reçue, c'est pourtant de sa défunte mère qu'elle tenait le plus. Sans qu'elle ne le sache réellement, puisqu'elle n'avait pas eu la chance de bien la connaître.

La brune suivit le regard rapide de la médecin vers son père. Il semblait fidèle à lui même, et comme sa santé était déclarée bonne Apollonia ne se dérangea pas de l'air affiché par le patriarche de la famille. Puis, Moïra repris la parole. « Cependant, il est essentiel de maintenir un rythme de vie plus calme et un régime adapter . La clé, vous le savez, c'est la modération et l'équilibre. »

"Modération et équilibre ne sont pas vraiment compatibles avec la vie de rancher vous savez." Plaisanta doucement Apollonia avant de reprendre. "Mais nous ferrons de notre mieux pour qu'il respecte ces percepts importants à sa santé." Continua t-elle en lançant à son père un regard entendu, semblant dire  "de toute façon tu n'a pas le choix, c'est le médecin qui l'a dit."

"En tout cas merci beaucoup d'avoir trouvé du temps pour nous aujourd'hui, ce n'est pas facile de le trainer en ville alors le fait que vous nous ayez aider à trouver un rendez-vous si facilement le jour même nous aide grandement." Continua Apollonia, réellement reconnaissante, maintenant que le check up indiquait que son père était en bonne santé il était plus facile pour elle de se détendre et de parler de sujet plus légers, sur un ton de conversation plus habituel.

"Je suis ravie de voir qu'elle à l'air de s'en sortir. En même temps Louise à toujours été très intelligente et intéressée par la médecine, on devinait facilement même quand elle était petite qu'elle viendrais un jour prendre la suite ici.." Ayant gardées les deux jeunes filles, Apollonia avait pu constater certaines choses chez elle. Comme la passion de Louise pour le métier de sa mère. "Je serais ravie de passer pour la voir oui, cela fait un moment que nous ne nous sommes pas vues." continua la brune, ravie à l'idée de revoir cette jeune fille qu'elle gardais autrefois.

"Haha oui, mais pour le bien être des notre on réussira à trouver comment concilier travail et repos... enfin si tu ne fais pas trop ta tête de mule dans ce sens, papa." Répondit Apollonia, souriante avant de lancer un regard un peu dur à son père, comme pour le mettre au défi d'aller au delà de la santé. Même si elle savait bien que quoiqu'il arrive, Richard Blackwood faisait uniquement ce que Richard Blackwood jugeait bon de faire. Prendre du repos n'en faisait pas vraiment parti et ce malgré le fait que le haras fonctionnait si bien qu'ils avaient de quoi engager assez d'employer pour se poser, mais son père trouvait toujours quelque chose à faire, quelqu'un ayant besoin de son aide ou bien une tâche mal faite à recommencer. Elle soupira à cette pensée.

Moïra aussi semblait en être consciente, que changer le rythme de vie du patriarche de leur famille serait tâche compliquée. Mais elle était prête à essayer, sa famille aussi. Et Richard ferait bien l'effort de leur faire plaisir.. Une fois de temps en temps au moins.. Dans ses bons jours.. Peut-être. La vérité c'est qu'il aimait son travail, et c'était sa façon à lui de contribuer à sa famille, même si c'était une façon idiote de faire. Mais il était inévitable qu'en vieillissant, sa santé se fragilise et qu'il doive faire moins. Apollonia n'était pas idiote, elle savait bien que son père continuerais toujours de bosser, qu'elle ne pourrais pas l'en empêcher, et à vrai dire elle ne le souhaitait pas. Mais au moins elle tenait à diminuer sa charge de travaille.

"Oui, c'est rassurant de savoir cela. C'est vrai que c'est compliqué de trouver le temps pour aller chez le médecin, plus particulièrement de pousser mon père à s'y rendre. Sans vous je crois bien qu'il n'aurait même jamais accepté une consultation." C'était sûrement vrai, en tout cas, l'homme semblait un peu s'ennuyer de la discussion, mais resta respectueusement à attendre qu'elles aient terminées. Il n'avait pas envie de rester debout à écouter une conversation qu'il jugeait monotone, pas envie d'être en retard pour l'étalon surtout mais il attendit malgré tout.

Apollonia hocha la tête avec un grand sourire quand Moïra lui parla de Louise. "Oui, je me souvient qu'elle voulait souvent jouer aux médecins avec Gemma, elle m'impressionnait souvent par son vocabulaire médicale très fourni à son jeune âge." Se remémora la brune. Louise en effet avait commencé très tôt à feuilleter les livres de médecine et à en apprendre leur contenu pour le ressortir lors de ses jeux avec sa petite soeur. Et cela avait toujours amusé et estomaqué l'adolescente qu'elle était alors, de voir cette petite rouquine se passionner tellement pour le métier de sa mère qu'elle en savait déjà tant. "Je suis heureuse d'apprendre cela, il aurait été dommage que cette passion qu'elle à toujours eu s'éteigne à cause de la difficulté ou de la compétition.. Mais elle est faite pour prendre ta suite." Lança Apollonia, commençant à se sentir assez à l'aise pour repasser au tutoiement, chose qui arrivait assez régulièrement dans ses conversations avec la médecin.

"Je serais ravie de profiter de cette occasion pour la voir en tout cas." Apollonia rougit ensuite, un peu gênée des mots de Moïra, elle n'avait pas eu l'impression d'être si importantes pour ces deux jeunes filles. Elle les avait juste baby sitter pour gagner un peu d'argent de poche et s'éloigner de temps en temps de la pression du ranch familiale, rien de bien incroyable à son sens. Pourtant elle était quand même ravie d'entendre ces mots. Même si elle avait fini par rejoindre le commerce familiale et vouloir s'y faire une place de choix - celle d'héritière -  elle se sentait toujours proche de ces deux jeunes filles, quand bien même elle ne les avaient pas vues depuis bien longtemps. Donc savoir qu'elle aurait pu leur être utile, ne serait-ce qu'un peu lui faisait chaud au cœur. Autrefois elle les voyait un peu comme ses petites sœurs, elle qui n'avait eu que des frères et était entourée principalement d'hommes dans son quotidien.

Moïra fini par les accompagner vers la sortie, Richard la salua avant de monter dans la voiture tendis qu'Apollonia resta encore un peu pour dire au revoir. "Nous n'y manquerons pas au besoin, de même que vous, n'hésitez pas à passer au ranch à l'occasion, nous serons toujours ravi de vous y voir, vous le savez." Ca y est, le vouvoiement était revenu au galop, comme si leur départ imminant rendait plus formelle la situation actuelle. "Oui, mon père y à été invité en effet, il s'y rendra sûrement avec Sophia et Eliott, je ne sais pas encore si je m'y rendrais, mais puisque vous irez je vais y penser sérieusement en tout cas." Quand au reste de sa famille, c'était encore un autre sujet. James étant à Calgary, elle doutait vraiment de le voir se déplacer pour le diner annuel, déjà qu'il venait peu dans la région en général et que c'était plutôt à elle de se déplacer habituellement. Quand à Neal, il ne se sentirais sûrement pas à l'aise à ce genre de conventions sociales, quoique si elle même s'y rendais, peut-être qu'il viendrais aussi, qui sait. "A une prochaine alors." Conclut donc Apollonia.